« Anne-Laure. Anne, étymologiquement parlant, ça voudrait dire « la grâce », parce qu’on raconte qu’une des toutes premières femmes à porter ce prénom-là n’était autre que la Sainte Mère de la fameuse Vierge Marie. En ce qui concerne Laure, on m’a dit que ça venait tout simplement de «laurus », le laurier, symbole de gloire. Du coup, tout de suite, je me vois couronnée de strass, de paillettes, et je marche sur un immense tapis rouge en agitant ma main comme ça. Conneries. Je sais pas ce qui leur a pris à mes vieux pour se persuader que rassembler les deux prénoms les plus fades de l’Histoire autour d’un tiret ça serait une bonne idée. Ceci dit, j’ai échappé au pire, parce que j’ai feuilleté le dictionnaire des prénoms une fois, et ma mère avait quand même surligné « Ségolène ». Non mais vous m’avez bien regardée ?! Si je fois mettre un pied sur scène un jour, je voudrais qu’on m’appelle Sica. Comme Jessica, sans la partie « pouf ». Ça veut dire « née un lundi », dans la langue de mes grands-parents, je vous laisse deviner pourquoi. C’était un 4 Juillet, dans les six heures du mat’. POUF ! Pendant que les feux d’artifices pétaient aux Etats-Unis naissait le premier extraterrestre d’une longue lignée. Ouais, c’est bien de moi que je parle ! Parce que parfois, je me sens pas tout à fait d’ici. Et si je vous parle de mes origines, vous serez obligés de vous poser la question. Tenez : mon petit papa, il a toujours vécu au Sénégal, mais ses parents sont du Bénin. Ma petite maman, c’est deux fois plus exotiques : elle nous vient tout droit de Saint-Pierre-et-Miquelon. Les fans de Thalassa savent de quoi je parle. Pour les autres, je vais être brève : c’est le seul et unique DOM TOM où on se les pèle, peuplé de Blancs uniquement, avec un accent à la croisée des chemins du Québécois, du Breton et du Normand. C’est un peu comme si un lion et un pingouin s’accouplaient : BIM ! Spécimen de haute voltige. Et avec mes sœurs, ça ne vous en fait que trois exemplaires. C’est important pour moi tout ça, la famille, les racines. J’ai mis un bout de temps à le comprendre, mais aujourd’hui, si j’ai décidé de vivre de la scène, c’est parce que c’est à peu près le seul endroit au monde où être mi pingouin, mi lion, c’est vachement chouette. »